Salvador Dali était habitué depuis son enfance à se faire remarquer et à créer le scandale autour de lui. Sa moustache une faisait que compléter cette image. Longue et étroite, tordue comme un scarabée, elle ne tombait jamais : ses pointes étaient dirigées vers le haut, comme si elles étaient collées.
L’artiste lui-même décrivait la philosophie de sa moustache en disant: « Tandis que tout le monde la regarde, je me cache derrière et je fais mon travail », soulignant ainsi que la moustache détourne l’attention du public de quelque chose de personnel, d’intime. Quel était donc le secret de la moustache de Salvador Dali ?
Tout au long de sa vie, Dali a côtoyé de grands génies aussi excentriques que lui. Federico Garcia Lorca, Pablo Picasso, Walt Disney, Alfred Hitchcock. Sa vie, tout comme son art, a été une incroyable aventure empreinte d’insouciance, de spontanéité enfantine et de créativité. Il avait même des méthodes de travail particulières.
Par exemple, Dali aimait s’endormir en plein jour près de son chevalet, puis se réveiller et commencer immédiatement à peindre ce qu’il avait rêvé. Les actes incroyables de Dali et les images choquantes dans lesquelles il se présentait en public ont contribué à sa légende. Sa longue moustache étrange et joyeusement tordue s’intégrait parfaitement dans cette vision.
Elle a toujours suscité des discussions et tout le monde essayait de découvrir son secret. L’artiste lui-même pensait que la moustache n’était rien de plus qu’une expression de l’humeur, voire de l’état mental de son propriétaire. Ainsi, dans ses journaux, Dali utilisait un terme intéressant : « la psychopathologie de la moustache ».
Il citait en exemple l’écrivain Marcel Proust et le philosophe Friedrich Nietzsche. Selon lui, leurs moustaches ternes les révélaient comme des neurasthéniques dépressifs. En revanche, la moustache de l’artiste Diego Velasquez était définie par Dali comme étant « joyeuse et vivante ».
Il décrivait sa propre moustache comme étant « joyeuse et pleine d’optimisme ». Il affirmait qu’elle ressemblait beaucoup à la moustache de Velasquez, à l’opposé de la moustache sombre et mélancolique de Nietzsche. La référence à Velasquez n’était pas fortuite. On raconte que, lorsqu’il était enfant, Salvador Dali avait un portrait de l’écrivain avec une moustache, et c’est peut-être cet élément qui a véritablement marqué le jeune garçon.